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SKBF-CSRE Bildungsbericht 2010 FR

skbf | csre Centre suisse de coordination pour la recherche en éducation 276 L’utilité privée de la formation Effets cumulatifs tendent à accorder un salaire supérieur à une personne ayant obtenu un di- plôme formel plus élevé, indépendamment de l’utilité que les compétences acquises pendant le parcours scolaire et les études pourront avoir pour l’en- treprise. Alors que les personnes mieux payées n’ont pas à se préoccuper de savoir pourquoi elles touchent un revenu supérieur, la distinction revêt une importance cruciale pour le rôle du système éducatif. Dans le premier cas (théorie du capital humain), c’est la transmission de connaissances et de compétences qui constitue la mission primordiale du système éducatif, alors que dans le second cas il s’agirait avant tout de distinguer les individus les plus doués des moins doués (mission de sélection destinée au marché du travail). L’étude d’ouvrages commentant des travaux de recherche n’aboutit sur aucune conclusion définitive en la matière. On pourrait tout au plus ré- sumer en disant que le système éducatif assume ces deux fonctions à la fois. Le fait que la compétence des personnes scolarisées s’accroît avec la durée de la formation et que le constat selon lequel les personnes douées, quelle que soit leur formation scolaire, demeurent plus longtemps dans le système éducatif et jouissent d’une plus grande probabilité d’obtenir un diplôme plus élevé, met en évidence un autre problème essentiel qui grève l’évaluation des rendements de la formation. Si les personnes douées sont plus nombreuses à obtenir des diplômes supérieurs, il n’est pas facile de savoir si ces personnes touchent un salaire plus élevé parce qu’elles possèdent un tel diplôme ou parce qu’elles sont plus douées. Tant que l’on ne parviendra pas à distinguer ces deux raisons, l’analyse des rendements mesurés continuera de poser un dilemme aussi bien aux individus qu’à l’Etat. Lorsque les rendements de la formation sont élevés, les personnes désireuses de se former ne peuvent en effet pas supposer d’emblée qu’ils leur assureront automatiquement un sa- laire supérieur, même si elles ne disposent pas des capacités qui font effec- tivement la différence. A l’inverse, il apparaît qu’en possédant des capacités très appréciées sur le marché du travail, elles pourront parvenir au même revenu sans passer par le «détour» que constitue une longue filière de forma- tion. Quant à l’Etat, c’est-à-dire la politique de formation, il ne sait pas si les rendements de la formation peuvent servir à tirer des conclusions sur l’effi- cacité du système éducatif (ce qui serait le cas si les rendements découlaient des compétences acquises au cours de la formation) ou si ce n’est justement pas le cas, parce qu’ils résultent de l’autosélection de personnes douées et n’ont aucun lien avec les prestations du système éducatif. Ces deux problèmes fondamentaux expliquent pourquoi la recherche s’attache depuis plus de quatre décennies à mettre en œuvre des méthodes statistiques et d’analyse sophistiquées en vue d’identifier les «véritables» rendements de la formation, sans être jusqu’ici parvenue à des résultats concluants. Au stade actuel des connaissances, force est d’admettre que jusqu’à 50% des rendements identifiés ne sont pas le résultat de la formation, mais de la sélection sur le parcours éducatif. En d’autres termes, la même proportion de personnes toucheraient un salaire plus élevé, indépendam- ment de leur formation.

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